Les solutions pour nourrir tous les habitants de la planète à l'horizon de 2030.
Sera-t-il possible de nourrir tous les habitants de la planète à l'horizon 2030, 2050 ? C'est à cette question que vont essayer de répondre des experts réunis à Paris, à l'initiative de l'Agence Française de développement.
S'il y a une question essentielle, c'est bien celle là. Déjà aujourd'hui ce sont dans le monde 862 millions de personnes qui souffrent chroniquement de la faim, 6 millions d'enfants en meurent chaque année et 2 milliards d'individus sont atteints par une insuffisance nutritionnelle grave, pour l'essentiel en Afrique et en Asie. Face à la croissance démographique, nous serons 8 milliards dans 17 ans en 2025 et 9 milliards en 2050 ; les experts considèrent qu'il nous faut multiplier par 2 la production agricole mondiale.
Et c'est possible ?
Oui, mais à condition d'investir, d'investir massivement dans l'agriculture. La situation actuelle avec la tension sur les prix agricoles que nous constatons dans le monde résulte dans une large mesure de ce que les investissements agricoles se sont littéralement effondrés au cours des 30 dernières années. C'est 15 à 20 milliards de $ qu'il convient de dégager par an pour lancer, selon le Secrétaire Général des Nations Unies, une nouvelle révolution agricole. C'est beaucoup, et bien peu au regard des sommes qui ont été engagées pour soutenir les institutions financières. Et puis il faudra peut-être revoir certains usages alimentaires, ne pas consommer trop de viande. Imaginez comme le montre Michel Barnier dans son ouvrage passionnant qu'il vient de publier avec justement pour titre “Qui va nourrir le monde ?” entre 2000 et 2030 pour satisfaire l'augmentation de la demande de viande, il faudrait que la production mondiale de viande s'accroisse de 85 %. Or les élevages sont très coûteux en terre, en eau, en énergie et en céréales : il faut 3 à 15 fois plus de surface pour produire la même quantité de protéines animales que de protéines végétales et il faut de 3 à 10 calories végétales pour produire une calorie animale. C'est peu dire que le 21e siècle a besoin d'une nouvelle révolution agricole.
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